Une pause dans le chômage en 2013?
Dans une chronique publiée ici-même il y a quelques semaines (Un air de printemps?), je faisais état de mon relatif optimisme, indiquant qu'il me semblait que 2013 pourrait voir une amorce de reprise. La Tribune vient de publier un article de Philippe Crevel, secrétaire général du Cercle des Epargnants, qui va dans le même sens avec d'autres arguments, de nature plus démographique. Je me permets de le recopier :
Le plus intéressant dans ce papier est sans doute, au delà des remarques pertinentes sur les services, ce bon des départs à la retraite qu'il annonce (718 000) qui excède le nombre d'entrants sur le marché du travail, ce qui devrait créer un véritable appel d'air sur le marché.François Hollande s'est engagé à tout faire pour stabiliser le taux de chômage en 2013. Avec une croissance qui se défile, avec des secteurs clefs de l'économie française comme l'industrie automobile qui n'en finissent pas de payer leurs erreurs de positionnement, comment cette promesse pourrait-être tenue ?Dans les années 70, il était admis qu’il fallait 3 % de croissance pour diminuer le taux de chômage, dans les années 80 ou 90, 2 % de croissance suffisait. Aujourd’hui, 1,5 % permettrait d’améliorer cette situation. Pourquoi une telle évolution ? Premièrement, notre économie qui est désormais essentiellement tertiaire est plus réactive aux évolutions de la croissance. Elle a amélioré le contenu en emplois de sa croissance. Dans une économie industrielle, une reprise ne nécessite que peu de créations d’emplois ; il suffit de faire tourner un peu plus les chaines et avec une augmentation du taux d’utilisation des équipements. Dans une société de services, un accroissement de l’activité se traduit rapidement par des besoins d’emplois supplémentaires. Aujourd’hui, l’emploi tertiaire occupe 76 % des actifs français, contre 18 % dans l’industrie. En 1974, le secteur industriel portait 38 % des emplois.La deuxième raison de l’amélioration du contenu en emploi de la croissance est purement démographique. En effet, depuis six ans, les premières générations du baby-boom de l’après seconde guerre mondiale commencent à partir à la retraite. Dans le même temps, arrivent sur le marché du travail des générations plus étroites des années 90.Ce cadencement a été, en outre, impacté avec le report de l’âge légal de la retraite de 60 à 62 ans. En effet, le recul de l’âge de la retraite intervient par vague de manière progressive.En 2012, 578 000 personnes sont concernées par le départ à la retraite. Ce faible nombre résulte du passage au 1er septembre dernier de l’âge de la retraite à 60 ans et 9 moins contre 60 et 4 mois pour la génération 1952 contre 60 ans et 4 mois pour la génération 1951. Ce recul a abouti à réduire le nombre de départs d’environ 200 000. La réforme de François Hollande permettant à ceux qui ont commencé avant 19 ans à travailler de prendre leur retraite, n’a accru que de 17 000 le nombre des départs à la retraite. En revanche, en 2013, il n’y aura pas de nouveau recul, le prochain étant programmé le 1er janvier 2014.Pour 2013, le nombre de départs à la retraite devrait enregistrer un bond en atteignant 718 000 en progression de 24 %. Les dispositifs en faveur des carrières longues de 2010 et de 2012 devraient générer 100 000 départs anticipés. Le nombre de nouveaux entrants sur le marché du travail devrait se situer autour de 700 000.Entre les entrants sur le marché du travail et les sortants, le Gouvernement peut donc espérer éviter une augmentation forte du chômage d’autant plus qu’il attend une éclaircie conjoncturelle d’ici la fin de l’année.Si au premier trimestre, les effets du ralentissement économique se feront fortement sentir, une stabilisation pourrait intervenir du fait des jeux démographiques mais aussi grâce à une légère amélioration conjoncturelle. Les pays d’Europe du sud qui sont d’importants clients de la France devraient commencer à engranger les fruits des plans d’assainissement mis en œuvre il y a plus d’un an. L’Italie, l’Espagne et le Portugal pourraient sortir de la récession au cours du second semestre 2013 avec à la clef une légère reprise de leur demande intérieure. Certes, la France pourrait perdre encore des parts de marché en raison d’une concurrence accrue de la part des pays d’Europe du Sud qui ont amélioré leur compétitivité avec une contraction de leurs coûts salariaux.Il n’en demeure pas moins que la combinaison « démographie et économie » pourrait être la meilleure alliée du pouvoir en place même si les problèmes structurels de l’économie française perdurent. Le mauvais positionnement de l’outil productif nécessite une action forte sur la durée avec un accroissement sensible de l’investissement et de l’innovation. En raison d’un taux de marge trop faible, les entreprises françaises n’ont pas modernisé leurs équipements et positionné leur production sur le premium. En la matière, ni la démographie et la conjoncture internationale sauveront la France.
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